30.6.05

NON AUX JEUX OLYMFRIC NI ICI NI AILLEURS !

Pourquoi s'enthousiasmer pour une opération où s'affronteront des robots à la vague apparence humaine ?

La Mairie de Paris présente sa candidature aux Jeux olympiques de 2012 sous l'angle de l'amour. Et pourtant les événements sportifs se succèdent où les valeurs véhiculées sont la tricherie avec le dopage, la violence sur le terrain ou dans les tribunes, la haine de l'adversaire avec pour seul objectif de l'écraser...

Ceci en conformité avec les vraies idées de Coubertin occultées par les idéologues de l'institution sportive, qui disait " ... les JO sont une lutte rude, farouche, ne convenant qu'à des êtres rudes et farouches. Les entourer d'une atmosphère débilitante de conformisme sans passion ni excès, c'est les défigurer, leur enlever toute espèce de signification. Qu'on ne vienne pas parler de jeux accessibles aux femmes et aux adolescents, aux faibles pour tout dire. (...) Comment voudriez-vous que je répudie la célébration de la XIº Olympiade ? (Berlin 1936) Puisque aussi bien cette glorification du régime nazi a été le choc émotionnel qui a permis le développement qu'ils ont connu. "

Les faits n'enlèvent rien à la bonne image des Jeux olympiques qu'utilisent à leur profit les multinationales ou les politiciens. C'est en effet une caractéristique déjà ancienne que celle qui voit l'adhésion massive des populations à tel ou tel chef. Aujourd'hui, c'est une caractéristique du pouvoir que d'organiser l'adhésion des "citoyens" à un événement soi-disant bénéfique pour tous : "Franchement, qui peut être contre les JO à Paris ?" Obtenir le consensus devient l'objectif, et pour se faire l'absence de choix oblige au plébiscite c'est-à-dire à se soumettre au cadre imposé.

C'est bien sûr le cas de la candidature parisienne avec l'organisation possible des JO 2012. Chacun est sommé d'abandonner tout esprit critique sur les Jeux comme si on était en temps de guerre, où doit prévaloir l'union sacrée. Ainsi en est-il du consensus particulier qui tente de se monter autour de ces JO. Près de 50 000 pandores armés sont d'ores et déjà prévus pour les défendre : il n'est même pas besoin de se demander si l'on pourra penser et vivre librement à Paris à l'ombre de cette
"fête".

Notre opposition aux JO n'obéit pas à la fausse critique poujadiste qui se contente de grogner contre les nuisances : impôts, bruit, odeur... où on veut continuer à vivre sa "vie" étriquée pour qu'elle ne change surtout pas. Ce qui est scandaleux, ce n'est pas tant le coût d'un projet censé concerner tout le monde, ni même qu'une minorité veuille imposer son projet à la majorité. Le scandale est, que dans le même temps, la misère s'étend. Le prestige de la France ? Ce sont toujours les mêmes qui se l'arrogent au détriment de la majorité ; ce prestige sert de paravent à leurs profits divers mais toujours juteux.

La création des emplois ? Un jour, on spécule à la cour de Delanoë : 60 000 a emplois. Un autre, c'est 42 000. Que ne ferait-on pas pour vendre aux Français ces Jeux ! Dans le langage du pouvoir il s'agit d'une "étude économique" : tout ça ressemble beaucoup plus à de l'intox ! C'est plutôt l'exploitation qui va progresser : combien de morts d'ouvriers a-t-on pu recenser sur les chantiers athéniens ? Que sont devenus les sans-papiers qui ont construit le stade de France ? Car rien n'est dit sur la nature de ces emplois qui ressembleront beaucoup plus à de l'esclavage moderne. On se rappelle des milliers de "stadiers" ayant travaillé gratuitement pendant la Coupe du Monde 98.

La préservation du consensus nécessite de taire cette information, de porter le débat (ou le consensus) ailleurs... Mais, parmi les souteneurs de cet édifice olympique figurent des entreprises qui ne sont pas réputées pour leur correction vis à vis de leurs salariés. La logique du profit et de l'exploitation qui anime ce spectacle constitue aussi la raison de notre refus. Lagardère déclarait recemment que "Pierre de Coubertin avait tort quand il disait que l'important c'est de participer, l'important c'est de gagner." On voit bien que pour eux, en sport comme en affaire, seul le profit compte.

Enfin, l'organisateur de cet événement, le Comité International Olympique, connaît une filiation politique par ses membres qui ne laisse pas place au doute : il s'agit d'une clique d'aristocrates, avec des présidents tous issus des classes aisées, qui agit sans se soucier le moins du monde d'une quelconque "démocratie". Sa pratique – corruption maffieuse, liens avec des régimes dictatoriaux comme la Chine – et son idéologie – le règne du toujours plus, la hiérarchie, l'ordre – représentent les véritables "valeurs" de l'olympisme.

Mais, en affirmant qu'il y a consensus – avec l'appui des médias, des campagnes de pubs... –, la critique de ces Jeux est écartée d'un revers de main : rien d'autre ne peut plus être pensé. Comment peut-on croire malgré tout que les JO 2012, s'ils ont lieu ici, seront "éthiques" : respectueux de l'environnement et représentant un modèle du genre humain ?

Nous refusons ces mensonges. Ce que nous refusons ici est aussi valable ailleurs : l'olympisme est une idéologie pernicieuse qu'il est nécessaire de combattre avec la plus grande énergie si l'on veut voir disparaître le règne de la lutte de tous contre tous.

Venez protester contre la candidature de la ville de Paris au Jeux olympiques de 2012 :
Rdv à 14h00, le SAMEDI 2 JUILLET
devant le COMITÉ
NATIONAL OLYMPIQUE ET SPORTIF FRANÇAIS
1 avenue Pierre de Coubertin
75013 Paris (RER cité Universitaire)

1.4.05

"DU MACDO DANS LES JO" (Les Inrockuptibles, 23 mars 2005)

Tout le monde n'a pas l’olympique attitude. Face au matraquage de Paris 2012, quelque irréductibles disent non merci.

« A l’intérieur de la mairie, les JO, cela relève de l'obsession, sans doute parce que Delanoë pense que ce serait un bon tremplin pour la présidentielle. On ne peut pas pousser une porte sans en entendre parler, ni ouvrir un placard sans se prendre des cartes "Paris 2012" sur le nez. »

Cette monomanie rapportée par un élu Vert n'a pas seulement saisi le maire de Paris. « L’olympique attitude », chère à notre ministre des sports Jean-François Lamour, est partout, dam les transports, sur les édifices les plus symboliques de la capitale, et même dans les manifestations.

Le 20 mars les syndicats ont défilé pour les 35 heures, les salaires et l'emploi en arborant drapeaux, pin's et T-shirts proclamant leur « amour des jeux ». Le secrétaire général de la CFDT, François Cherèque, avait même proposé de modifier la date du rassemblement pour ne pas donner une mauvaise image de la ville au Comité international olympique (CIO) en visite ce Jour là. La CFTC, de son coté, a demandé à ses adhérents de préférer la grève à la manifestation de rue, histoire, selon son président Jacques Voisin, de ne prendre aucun risque". Et. vraisemblablement, de ne pas s'aliéner les 87% de Français favorables à la candidature de la
capitale (1).

Au milieu de cette union sacrée, des irréductibles veulent pourtant faire entendre leur voix. Ils disent non à la candidature de Paris. Premier argument, le moins virulent : elle refléterait « ultra-centralisation » française, comme le relève Sylvain Garel conseiller vert à la mairie de Paris, pour qui "Paris n'est pas la ville de France qui a le plus besoin d'infrastructures sportives". L'économiste Bernard Maris : « C'est encore une fois la capitale qui va toucher le jackpot. Mats si les retombées sont aussi formidables qu'on nous ledit, pourquoi ne pas organiser les Jeux à Lyon, Marseille ou Bordeaux ? ».

Sauf que le « jackpot » annoncé est lui-même sujet à caution. Une étude affirme que l'impact direct des Jeux, pendant la période de préparation, serait de 6 milliards d'euros ? Bernard Maris rappelle qu'il faut mettre
en parallèle les 8,5 milliards d'investissements initiaux : « Au final, ça fait peu non ?» Le même document promet 60000 emplois ?

L'Oncle Bernard de Charlie Hebdo balaie d'une pichenette : « Ce seront en grande partie des boulots précaires : vigiles, vendeurs de billets… Tout ça étalé sur sept ans. En considérant l'investissement de 8,5 milliards, ça fait un peu cher l'emploi. » Quand les partisans du oui avancent que le tourisme grimpera en flèche, même scepticisme. A suivre Jean-François Bourg, chercheur au Centre de droit et d'économie du sport, la saison 2012 en cas de JO à Paris ne sera pas aussi prodigieuse qu'imaginé : « En période de grand événement type JO, beaucoup de gens préfèrent remettre leur voyage à plus tard, parce qu'ils savent que la ville sera saturée."

Lors des derniers JO, tous les sites grecs en dehors d'Athènes ont vu baisser leur fréquentation de 25 à 60 %. Pour l'économiste, de toute façon, "d'un point de vue scientifique », les raisons économiques des pro-Jeux
n'ont pas une grande valeur. Les hypothétiques gains sont 'surdimensionnés' parce que l'on oublie que 'les investissements sont publics, et les retombées, privées".

Et à ses yeux le débat de fond se situe là : « Quel est le véritable statut des JO ? Est-ce bien de les socialiser, quand les grands bénéficiaires des retombées, par exemple les télévisions, ne redistribuent
pas ?"

Du coup, pour lui. "la légitimité des JO ne doit pas seulement s'apprécier d'un point de vue économique, mais en fonction de leur utilité sociale ». Il le rappelle : si les objectifs sont tenus et que Paris ne connaît pas une augmentation de impôts due aux Jeux. « cela signifiera que cet argent existe. Alors pourquoi le placer là plutôt que dans des structures sociales fit même, renchérit Charlotte Nenner conseillère verte à la Mairie de Paris, pourquoi attendre les JO pour 'faire les travaux promis'', comme le» logements sociaux qui succéderont au village olympique des Batignolles, la couverture du périphérique ou encore la prolongation
du tramway ?

Sylvain Garel poursuit : « Vous sommes une municipalité de gauche. Notre objectif ne devrait pas être ta candidature de Paris aux JO, mais la lutte contre les inégalités sociales, pour le recul de la pollution et des habitats insalubres."

Autre point de friction : cette "municipalité de gauche" s’affiche en toute occasion aux cotés du "Club des entreprises", mené par Arnaud Lagardère pour soutenir la candidature de la ville. Soit dix-sept grosses entreprises comme Lagardère, donc, mais aussi Accenture, VediorBis, Suez, Bouygues… Pas exactement des bienfaitrices de l'humanité, qui s'offrent à peu de frais, une campagne de communication efficace en soutenant une cause consensuelle.

Moquant la volonté martelée par Bertrand Delanoë d'accueillir des "Jeux éthiques et solidaires", le groupe alternatif et rigolard de "L'Eglise de la très sainte consommation" a récité une "prière" de remerciements aux sponsors, le 12 mars lors d'"alter- JO" tenus devant l'Hôtel de Ville. « Pour des Jeux éthiques, un marchand de canons un escroc de l'eau, un pollueur nucléaire des complices de la France-afrique, des pollueurs notoires. Ô Sponsors, vendeurs de soupe. Merci de renforcer l'idéal sportif !"

A côté des débats sur l'utilisation de l'argent public. les tenants du non s'inquiètent des répercussions de l'organisation des JO sur la ville: six ans de travaux les inquiètent et un élu vert du XVII affirme que dans son
arrondissement, le rue André Suares située au coeur du futur village olympique, pourrait être déclarée plus ou moins morte en cas de Jeux : « Il est question d'envoyer pendant trois semaines l'ensemble de ses
habitants en vacances ».

Il y a aussi les arguments écologiques : "A quoi va servir ta construction d'un dôme a Roland-Garros dans le bois de Boulogne, au détriment d'un des seuls espaces verts parisiens ?, se demande Charlotte Nenner, en chœur avec les riverains et l'ensemble des opposants.

Même les efforts faits pour des Jeux écologiquement viables ne soulèvent pas l'enthousiasme : l'association des Amis de la Terre a été sollicitée pour l'établissement d'une charte de développement durable pour "Paris 2012". Elle a décliné. Son directeur, Patrick Teil, déplore le caractère "non contraignant" de cette charte vis-à-vis des entreprises partenaires, et relève la problématique soulevée par la présence dans "le Club des entreprises" de Suez, "contre lequel nous nous battons en permanence".

De son côté, Sylvain Garel note que si les futures infrastructures en cas de victoires sont "pour le moment", envisagées comme devant répondre aux normes de la Haute qualité environnementale (HQE). Leur construction, "à marche forcée", « devra tenir les délais très serrés. Du coup ces belles déclarations finiront probablement par passer à la trappe."

Les arguments contre Paris 2012 recoupent largement une opposition aux Jeux olympiques, même ailleurs. Si Charlotte Nenner a signé avec Sylvain Garel et Bernard Maris une tribune « Des Jeux à Paris, Non, merci… » (2), la conseillère verte explique qu'elle aurait. aussi bien pu s'appeler "Ni ici. ni ailleurs". Même ambiance chez Valérie et Martin. Simples citoyens affiliés nulle part ils ont créé un site Internet (3) pour lancer un grand
« NOOOOON » téléchargeable en auto-collants. Le « matraquage » dû à la candidature de Paris, cette « propagande soviétique », les a certes "réveillés", mais ce sont bien "ces" Jeux qu'ils contestent. "La compétition à outrance au nom du sport est insupportable, explique Valérie. Elle reflète les valeurs d'une société ou le sport est sponsorisé par Coca et McDo. ». Ils arguent aussi de la corruption au sein du CI0. Cet été, un de ses membres a été pris en flagrant délit de négociations par la BBC.et un autre exclu pour des détournements de fonds.

D'accord avec tout cela, Sylvain Garel met également en avant ''la contradiction fondamentale entre l'écologie politique et la devise des JO » : la première vise à "économiser les ressources de la planète, dépenser moins d'énergie, aller moins loin", quand la seconde exhorte à aller plus vite, plus loin, plus fort". Et cela vaut aussi pour les hommes, selon Albert Jacquard, auteur de Halte aux Jeux (Stock) : « Ce qui me dérange, ce sont les podiums, cette société de palmarès. Et puis voyez ces sportifs de haut niveau : s'entraîner plus de six heures par jour mettre toutes ses forces dans un seul objectif, cela produit des désastres humains."

Mais. alors que le généticien attribue la responsabilité de ces dérives au sport de compétition, et pense en gros que d'autres jeux sont possibles, le sociologue Orléanais Michel Caillât conteste cette vision. Ani- mateur
du Mouvement critique du sport, il diffuse depuis février sur Internet une lettre anti-olympique mensuelle : "Personne n'a jamais lu la charte olympique. C'est pourtant une doctrine qu'il faut analyser et débattre" Et
si personne ne le fait, c'est peut-être à cause de la fonction qu'il attribue aux JO : 'Celle d'un mythe. Les identités collectives ont explosé, alors on essaie de les remplacer par des factices." Du pain et
des Jeux, l'histoire n'est pas nouvelle. ».

Anne Comte

(1) Selon un sondage du journal L’Equipe du 8 mars.
(2) Le Monde du 8 mars.
(3) http://mapage.noos.fr/paris-2012

10.3.05

Les anti-JO hier mercredi 9 mars 2004 au soir dans l'édition nationale du 19-20 de France 3


[STEPHANE LIPPERT]

  • (...) Atout important pour Paris par rapport à d'autres candidats, il bénéficie d'un large soutien populaire. Selon un sondage, 87 % des Français y sont favorables.
  • On les a souvent entendus, mais une petite minorité pense, au contraire, que les Jeux apporteront plus de désagréments que d'avantages.
  • Voici leurs arguments recueillis par Erwan LEMOINE
[ERWAN LEMOINE]
Un grand " non " aux JO à Paris pour ceux qui n'y voient qu'une débauche mercantile et ne supportent pas l'implication d'hommes d'affaires dans le dossier...

[THOMAS GUERET,
PRESIDENT ASSOCIATION " RESISTANCE A L'AGRESSION
PUBLICITAIRE]
Aujourd'hui, on a comme porte-parole pour la candidature aux Jeux olympiques Arnaud LAGARDERE, qui est un marchand de canons, et on veut nous faire croire que, lui, il va pousser des valeurs qui sont humanistes, qui sont celles du sport et celles de la fraternité entre les peuples. Moi, ça me paraît franchement choquant, voilà...

[ERWAN LEMOINE]
Certains économistes sont dubitatifs sur les arguments avancés par Bertrand DELANOË. Dans une interview accordée au PARISIEN, le maire de Paris assure qu'il n'y aura pas d'impôt supplémentaire et que les JO créeront 42 000 emplois. Des chiffres contestés par Bernard MARIS...

[BERNARD MARIS,
ECONOMISTE ET ECRIVAIN]

Pour un engagement qui va être à peu près de 10 milliards d'euros, ça fait cher l'emploi, en termes de retombées d'emplois. Ensuite, ce sera des emplois précaires, ce sera des distributeurs de billets, ce sera des vigiles, ça ne va pas être des ingénieurs informatiques ou très, très peu...

[ERWAN LEMOINE]
Certains élus de la majorité regrettent que le Conseil de Paris n'ait pas été consulté sur l'opportunité d'une candidature, loin d'être, à leurs yeux, essentielle...

[SYLVAIN GAREL,
CONSEILLER DE PARIS, LES VERTS]

II y a d'autres priorités, la lutte contre les inégalités, pour la réduction de la pollution automobile, pour résorber les problèmes d'habitat insalubre, les problèmes de logement, qui sont considérables, sont plus importantes que d'avoir ou pas les JO en 2012...

[ERWAN LEMOINE]
II existe un dernier groupe opposé non pas aux Jeux en eux-mêmes, mais à l'agrandissement de Roland Garros dans le bois de Boulogne, ce qui ferait disparaître 9 000 mètres carrés de surface boisée...

[FRANÇOIS DOUADY,
PRESIDENT COORDINATION POUR LA SAUVEGARDE BOIS DE
BOULOGNE]
Là, nous sommes à peu près à l'endroit exact de la construction de ce grand stade, le dôme. Donc, vous vous imaginez bien que toute cette zone boisée, les tennis ici que vous voyez, tout ceci va être rasé pour construire ce grand stade.